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Naïbes, Cartes à jouer et Tarots :: La voie historique documentée ABC Arts Divinatoires & Mancies | Guide Divination & Voyance |
UNICORNE.COM • Le Portail des Arts Divinatoires | • CARTOMANCIE & DOCUMENTS HISTORIQUES • | Québec, Canada • Samedi 23 Janvier 2021 - 19:00 PM |
Ainsi, au cours de l'Histoire, tant Français, qu'Italiens, qu'Espagnols ou qu'Allemands auraient aimé clamer qu'ils avaient inventé le jeu de cartes contemporain. Et ils ont tous probablement raison... en partie du moins.
Peu de traces formelles existent, quant aux premiers jeux utilisés sur le continent européen (tant de jeux ont été brûlés sur les bûchers!); bien que plusieurs affirment qu'elles auraient fait leur apparition en Europe dès le XIième siècle. Nous tenterons quand même d'apporter quelques témoignages avérés qui peuvent légitimement être invoqués, afin de pouvoir fixer une époque approximative quant à l'introduction des cartes à jouer en Europe.
Mentionnons toutefois que comparativement aux années subséquentes, l'on retrouve peu de références quant aux cartes à jouer avant l'année 1377. Mais entre cette date et 1380 particulièrement, de multiples mentions sont consignées (la plupart ayant trait aux ordonnances d'interdiction), en provenance de différentes régions en Europe. Ce qui situe la date de leur introduction générale en sol européen, aux alentours des années 1375, où elles se sont propagées rapidement sur une large région de l'Europe.
Ce qui est certain — qu'on les nomme naïbes * (nom sarrazin donné aux cartes provenant des pays Arabes, de la région dite Sarrasinie), cartes tarots (tarocchino, nom italien), landsknecht (nom allemand pour lansquenet ou piquet), cartes françaises ou cartes à jouer —, c'est que celles-ci se répandent dans toute l'Europe au cours du XVième siècle *.
À preuve, les nombreuses mentions faites dans les comptes d'argenterie des rois et des princes; dans les conciles et synodes religieux de divers diocèses, qui les condamnent vigoureusement et en défendent l'usage... sauf pour les nobles; ou encore, dans les ordonnances royales et prévôtales de l'époque.
NOTE — Il est d'ailleurs fort bien documenté pour plusieurs villes d'Europe, qu'on les brûle tout simplement: notamment à Bologne en 1423, à Nuremberg en 1452, à Florence en 1497 et 1498 (via les disciples de Bernardin de Sienne, sur le célèbre “bûcher des vanités”). Souvent, des autodafés de jeux (cérémonies expiatoires au cours desquelles on exécutait les sentences prononcées par l'Inquisition et où l'on brûlait les jeux de cartes) sont organisés pour l'occasion.
Soulignons par ailleurs que des cartes orientales, soit celles que l'on nomme les cartes « naïbes » — ou naipes, naibis, etc —, découlent les autres cartes à jouer. Et de citer l'historien Paul Boiteau d'Ambly, « Les jeux antiques furent des interrogations adressées au destin, et non des récréations comme les nôtres; c'étaient des livres symboliques: on en regardait les combinaisons comme des prophéties (...) ».
Et pour situer encore davantage le contexte en ce XVième siécle: « La carte orientale est essentiellement un jeu divinatoire, le jeu du diseur de bonne aventure, la bonne aventure elle-même, le « Nabi ». Les Italiens ont longtemps désigné leurs cartes sous le nom de Naïbi, et les Espagnols les désignent encore sous le nom de Naypes ».
Et les cartes françaises — nos cartes modernes en fait, avec les enseignes de coeur, carreau, trèfle et pique — découlent aussi de ces cartes orientales... tel l'illustrait d'ailleurs le Roi de Carreau du premier jeu de cartes françaises (vers 1440), créé sous Charles VII; et qui se nomme Coursube, qui est le nom d'un Roi sarassin; ou encore Apollin pour le Roi de Pique, qui est lui aussi un roi oriental.
À la lumière de ces faits, on comprend mieux pourquoi elles furent combattues avec autant de véhémence, par le franciscain Bernardin de Sienne en tête de troupeau... qui qualifiait les cartes à jouer d'instruments du diable en invitant les gens à les brûler sur le bûcher!
Selon J.G.E. Breitkopf (Johan Gottlob Emmanuel Breitkopf, I7I9-I794), grand libraire de Leipzig (Allemagne), les faits et documents historiques prouvent que nos cartes à jouer contemporaines nous viennent des jeux de cartes Arabes, qui eux-mêmes prennent source dans les pays Orientaux.
Par ailleurs, il est évident que depuis leur introduction en Europe — alors qu'elles prenaient le nom de naïbes, terme éthymologiquement arabe (pour le terme espagnol naipes) et hébreu (pour le terme italien naibi, qui signifie sorcellerie, divination, prédiction) —, cartes et jeux de cartes ont subi plusieurs changements et modifications tant dans leurs formes, que dans le nombre de cartes du jeu ou que dans leurs dénominations: selon l'époque et le goût des peuples qui en ont fait usage.
Toutefois, en faisant référence aux couleurs d'origine des suites, il stipule que les anciennes couleurs d'épée, de coupe, de denier et de bâton — que l'on retrouve encore dans les Tarots Italiens, Espagnols et Français — ont été changées (pour les cartes modernes) en pique, coeur, trèfle et carreau; mais en conservant leur sens d'origine.
Il explique que dès son introduction sur le continent européen, le jeu de cartes comprend quatre couleurs (épée, coupe, denier et bâton); et que leur similitude avec les jeux d'échec est frappante: soit leur division en roi, cavalier et valet pour les jeux de cartes puis roi, chevalier et valet pour le jeu d'échecs. Alors, force est de constater que ces deux jeux ont passé des Indiens aux Arabes; fait encore plus plausible, puisque les Égyptiens étaient à l'origine des Indiens, qui furent chassés de leur pays. Et après avoir traversé l'Asie septentrionale et l'Afrique, où ils ont connu les cartes à jouer, ils les ont introduites avec eux en Europe. On en retrouve d'ailleurs les premières traces en Italie en 1299 puis en Allemagne dès l'année suivante. Ce qui est prouvé, dit-il, par le livre « Das Gulden Spiel », soit “Le Jeu d'Or”, dans lequel il est dit que le jeu de cartes a commencé à prendre cours en Allemagne en 1300 — Tiré de “Das Gulden Spiel”, imprimé à Augsbourg par Gunter Zeiner (1472), folio. Tit. 5. — 536 pages et 28 planches.
Toujours selon Breitkopf, les Arabes concevaient leurs cartes à jouer avec du papier de coton épais — appelé aussi papier de chiffons —, que les Européens appelaient en ce temps, parchemin. Peu de temps après en Europe, on a trouvé l'art de coller plusieurs feuilles de ce papier en prenant soin de superposer les couches; et ainsi tiré du mot “carton”, serait venu le nom de “cartes”. À l'époque, on utilisait aussi du papier de lin pour les mêmes objectifs; ou parfois du cuir, des feuilles d'argent, de l'ivoire, du bois, etc.
* NOTE — En réalité, bien que l'on cite sa présence avant, c'est autour des années 1400 que le jeu de cartes pénètre de larges couches de la population européenne. Ceci, bien que les pays scandinaves, les îles britanniques ainsi que le monde slave, ne les aient eues en main qu'au milieu du XVième siècle. Au départ, la fabrication des cartes à jouer se faisait de façon artisanale puisqu'elles étaient imprimées par xylographie (impression réalisée à partir d'une gravure sur bois); un procédé long et coûteux, puisqu'il ne permettait d'imprimer que de petites séries de cartes.
Mais grâce à l'utilisation de procédés de fabrication plus économiques — en utilisant des pochoirs, par exemple, plutôt que de les peindre à la main; et plus tard, grâce à l'imprimerie qui permet aux cartiers des progrès considérables —, les jeux de cartes — jusque là réservés aux nobles et à une élite fortunée — se démocratisent rapidement. C'est ainsi que dès 1420, des fabricants suisses et allemands produisent des jeux par milliers; ce qui favorise une baisse des prix et ce qui permet aux gens ordinaires, moins fortunés, de s'en procurer. Mais semble-t-il que l'engouement populaire pour ce jeu devient aussi une manne pour les Rois et l'État... qui s'empressent d'imposer une taxe sur les jeux de cartes, pour mieux garnir leurs coffres de ces nouveaux impôts. :0)