![]() | ARTS DIVINATOIRES UNICORNE Unicorne > Abc > Cartomancie > Historique-p4-bohemien-gitan-tsigane |
Bohémiens, Gitans, Tsiganes, Rroma: pour dire la Bonne Aventure ABC Arts Divinatoires & Mancies | Guide Divination & Voyance |
UNICORNE.COM • Le Portail des Arts Divinatoires | • TSIGANES DISEUSES DE BONNE AVENTURE • | Québec, Canada • Samedi 23 Janvier 2021 - 18:46 PM |
![]() Tarots | ![]() Cartes | ![]() Runes |
![]() Dominos | ![]() | ![]() Mahjong |
![]() Coupe Diamant |
![]() Croix Celtique |
![]() Fer à Cheval |
![]() Croisée Chemins |
![]() Roue Astro |
![]() Meilleur Choix |
![]() Quête Vérité |
![]() Tirage en Croix |
![]() Tirage Relation |
TSIGANES & GITANS Page #1 (page actuelle) | ![]() | TSIGANES & GITANS Page #2 (page suivante) |
Car il est dit aussi que les cartes à jouer, provenant de l'Inde, pourraient être arrivées en Europe par l'entremise des Bohémiens — nommés aussi Rrom, Rroma, Romanis, Gitans, Tsiganes, Gypsys ou Gypsies, Romanichels, Sinti, Kalé, etc —, qui sont de réputés “diseurs de Bonne Aventure”. Une hypothèse plausible? Certainement! Car la présence des Tsiganes en Occident, comme en sol européen, moult fois confirmée par de multiples documents, date de très, très longtemps!
Ces gens qu'on appelle Rroma, descendants des castes de guerriers de l'Inde, sont venus de la moyenne vallée du Gange en Inde du Nord via l'Empire byzantin vers la Perse (Iran actuel), la Grèce puis l'Europe. Arrivés en Grèce au IXième siècle, ils sont de la caste des Kshattriyas — un terme qui désigne un membre de la caste des Rois et Guerriers, l'une des quatre glorieuses castes hindoues: Kshattriyas, Brahmane, Vaisya et Sudra —. Les textes sacrés de l'Inde les ont glorifiés, en disant notamment: « Les personnes gouvernées par un aryen (Kshatriya) sont guidées par la grâce divine ». Un clin d'oeil à leur riche personnalité, et à leur grande valeur.
Il est documenté que les Kshatriyas sont arrivés chez les grecs - Empire Byzantin, Constantinople - vers 850; qu'ils ont continué leur marche vers l'Occident et qu'ils furent rejoints par les Rajputs — “fils de prince”, caste des aristocrates — au XIIIe siècle. On les appelle bientôt “Tsigane” et ce mot, issu de la langue grecque, soit “atsinganoi” ou Athigani — prononcé Atsigani = tsigani = tsigane —, signifie « Diseur de Bonne Aventure ».
Au fil du temps et des nouveaux arrivages de migrants, on nomme aussi ces gens, Gitans (français), Gitanos (espagnol), Gypsys (anglais) ou Zott (arabe); en référence à une déformation du mot “Égyptiens”. Ce qui se tient, non pas en faisant référence à l'Égypte; mais plutôt, au terme de la « Petite-Égypte » qui au Moyen Âge, réfère à une région du sud de la péninsule du Péloponnèse en Grèce — une région qui depuis le Xe siècle, est appelée Morée (ou Morea en anglais) jusqu'en 1248 où après la Quatrième croisade par les Francs, l'on y fonde la principauté d'Achaïe ou de Morée —; une région nommée “Tzaconie” (sans doute pour “Atsinganoi” ou “Atsingani”, terme grec désignant le peuple Tsigane), que les gens appellent “Petite Egypte”. Il s'agit d'un fief gitan indépendant appelé le “fief de Abitabulo” ou, le “Feudum Acinganorum” (sur l'île de Paxos, annexée à Corfou), constitué d'une communauté stable et prospère. à noter qu'au cours de la seconde moitié du XIIIième siècle, Corfou a été incorporée dans la souveraineté d'Anjou, annexant ainsi l'île de Paxos.
Il est documenté également qu'un certain Aloysius de Citro fut le premier baron de ce fief et le deuxième, fut un dénommé Adamo di Sant'Ippolito. D'ailleurs, une mention documentée nous informe que le baron Adamo de Sant'Ippolito (Baron Adam II San Ippolito) s'était vu accorder le fief “Feudum Acinganorum” de l'île de Paxos en 1381. Il s'agit d'une île ionienne — en territoire grec près des côtes occidentales de la Grèce, faisant partie d'un archipel de la mer Ionienne qui est situé au Nord-Ouest du Péloponnèse, au Sud-Ouest de l'Albanie et à l'Ouest de l'épire —, longue d'environ 10 km et d'une largeur de 2 km, située au sud de l'île de Corfou.
En fait, Catherine de Valois-Courtenay est Impératrice titulaire de Constantinople et Princesse consort d'Achaïe — la principauté d'Achaïe, nommée aussi principauté de Morée, est une ancienne région de la Grèce antique, située au nord-ouest de la péninsule du Péloponnèse —, de 1332 à 1341. Durant son règne, elle accorde aux seigneurs suzerains de Corfou un privilège qui les autorisait à accueillir et à garder comme vassaux certains “homines vageniti”, en provenance de la Grèce continentale, et qui utilisaient le rite grec (christianisme orthodoxe). à la fin du XIVe siècle, ces gens étaient tous soumis à un seul baron, Gianuli de Abitabulo, et formèrent le noyau d'un fief appelé le “fief de Abitabulo” ou “feudum Acinganorum”, qui a duré jusqu'à l'abolition des seigneuries et tenures féodales, au début des années 1800. On note aussi que ces documents accordant aux seigneurs de recevoir ces gens sur leurs terres, se succèdent en 1370, 1372, 1373, etc.
* NOTE — Les habitants de cette petite colonie tsigane, un fief gitan indépendant nommé le “fief de Abitabulo“ ou fief “Feudum Acinganorum”, étaient au nombre d'environ une centaine d'adultes — certains auteurs parlent de 300 adultes —, en plus des enfants. Ils étaient exempts de tout impôt envers le fisc, et de même exemptés de l'obligation de s'engager pour la marine de guerre vénitienne. Ils ne payaient qu'une légère redevance au seigneur des lieux — une poule chaque année par famille; sauf que pour obtenir l'autorisation de se marier, ils payaient pour chaque mariage deux pièces d'or et deux poules grasses —, seigneur qui les gouvernait paternellement; mais qui avait aussi droit de justice sur eux (les cas de peine capitale exceptés). Comme métier, ces tsiganes étaient des laboureurs, mécaniciens, forgerons, chaudronniers (rétameurs). De plus, ils célébraient une grande fête annuelle, au premier jour du mois de mai.
* Une distinction à faire, peut-être, selon Romani.org — « Not all “gypsies” or nomadic peoples are Roma. The Roma are descendants of the ancient warrior classes of Northern India, particularly the Punjab, and they are identifiable by their language, religion, and customs ».
La première vague migratoire de ceux qu'on appelle Tsiganes — ou Rrom — remonte à presque 2,000 ans: puisque les Indiens ont commencé à migrer du Nord-Ouest de l'Inde — Pakistan du Sud-Est actuel — vers la Perse (Iran actuel) entre 224 et 642 de notre ère. Puis provenant tant du Centre que du Nord, de castes diverses, les Rrom ont aussi quitté l'Inde par vagues successives, souvent par petits groupes, entre les IIIe et Ve siècles; puis entre les VIIIe et IXe siècles. Puis un exode massif hors de l'Inde est survenu entre l'an 850 et l'an 1000 de notre ère. Des guerres entre royaumes? Des invasions d'autres civilisations? Assurément.
On cite d'ailleurs la présence des Tsiganes hors de l'Inde, à Bagdad (soit en Perse, ou Irak actuel) en l'an 442, alors que le Shah de Perse Bahram Gur persuade le Roi Indien Shangul de lui envoyer 10,000 musiciens Luri (autre nom désignant les Tsiganes), qu'il souhaite distribuer dans les différentes parties du royaume de Perse, pour distraire les pauvres et les indigents de son royaume; un fait rapporté par le poète Perse Firdawsi ainsi que par l'historien arabe Hamza of Hispahan (vers 950) qui relate le fait, en spécifiant 12,000 musiciens et amuseurs, hommes et femmes, qui jouent du luth. Plus de 500 ans après leur arrivée, Hispazam note: « Leurs descendants, même moins nombreux, sont toujours ici; ce sont les Zott (Zutti au pluriel). »
Entre les années 800 à 950 de notre ère, des groupes connus sous le nom de “Domba” — les Rroma, ou Tsiganes — commencent leur migration en partance de l'Inde du Nord, vers la Perse et l'Arménie.
On note aussi leur présence en l'an 800 près de la Thrace (péninsule balkanique partagée entre la Bulgarie, la Grèce et la Turquie). Il est dit que durant la famine qui a eu lieu du IXe siècle, Sainte Athanasie de Constantinople donna à manger à des “étrangers appelés Atsingani” (Tsiganes).
On fait aussi mention des Atsingani — des Tsiganes — en l'an 803 alors qu'un groupe d'Atsinganis a aidé Nicéphore Ier le Logothète, Empereur byzantin de 802 à 811, à réprimer une émeute en utilisant leur magie. En fait, l'Empereur mène une politique agressive contre le clergé et conséquemment en 803, il provoque la rupture entre les Empires romain d'Orient et d'Occident.
Longtemps après que les musiciens Luri furent amenés de force en Perse pour divertir les gens de la campagne, vers l'an 820, les Zotts arrivent sur les rives de la rivière Tigre, s'y installent et définissent leur État. En l'an 834 on les rencontre d'ailleurs à Khanaqin (Kurdistan du Sud, ancien territoire de la Perse ou Iran actuel). Ils profitent de la vie jusqu'à ce que les Byzantins — Constantinople et son Empire, sous le règne de Théodora impératrice de Byzance, région prospère grâce au commerce Europe-Asie; une civilisation gréco-romaine et chrétienne orthodoxe — attaquent la Syrie en 855. Cette année-là, un chroniqueur arabe nommé Tabari relate le fait qu'un très grand nombre de Zotts (nom Perse des Gitans) sont faits prisonniers (hommes, femmes et enfants), lors de l'attaque Bysantine de la Syrie. Après cette guerre, les Byzantins utilisent les Zotts comme esclaves pour consolider et élargir l'Empire. De belles prises, car les Zotts étaient connus pour leur excellent savoir-faire avec le bois, le métal et la construction; et qu'en plus de leurs habiletés dans le travail manuel, leur don pour prédire l'avenir et leurs compétences pour le divertissement, ont aussi une grande valeur.
Vers 1054, on note que le terme “Atsingani”, qui nomme les Tsiganes, est employé pour désigner les “diseurs de bonne aventure itinérants, ventriloques et magiciens” qui ont visité l'empereur Constantin IX (Empereur byzantin de l'Empire romain d'Orient, équivalant de la Grèce actuelle et de la Turquie). Puis en 1150, la présence des Tsiganes est attestée à Constantinople (Empire byzantin - de nos jours, Istambul). En 1230, ils sont aussi présents dans la Petite Égypte (Grèce).
En 1283, il est avéré que les « Egyptani et Athingani » sont présents en Byzance — Empire de Constantinople —, selon une lettre de Grégoire II de Chypre (1283-1289), patriarche de Constantinople, adressée au Megas Logothètes Théodore Muzalon; un officier impérial de haut rang (lettre No 117, publiée lors des Eustratiades). Cette lettre concernait sa médiation dans une requête émanant d'un dénommé Monembasan: « [...] Un certain Monembasan — qui se prépare à collecter les impôts auprès des soi-disant Egyptani et Athingani, m'a imploré en ces termes: “Dites un mot pour moi, mon Seigneur, d'une manière ou d'une autre et amenez rapidement le coeur impérial à considérer mon existence détruite et à m'accorder la faveur du pardon dans sa grande bonté et à me débarrasser des angoisses, de manière à ce que je ne m'expose plus en danger alors que j'ai déjà enduré des épreuves allant bien au-delà de ce que la justice peut tolérer [...]” »
Un peu avant 1287, on note aussi la présence de Tsiganes en Valachie, Europe du Sud; selon ce qu'en dit Mircea le Grand de Valachie en 1387. Puis en 1290 des cordonniers tsiganes, résidant sur le mont Athos, sont enregistrés en Grèce.
En Europe, leur présence est attestée dès le début du XIVe siècle. Mais en Europe du Sud dès le début des années 1300, perçus comme musulmans, des groupes de tsiganes commencent à être réduits en esclavage (Valachie, Moldavie). Ainsi, suite à l'épidémie de peste noire (1346-1351) qui a dévasté l'Europe, il est documenté que des Tsiganes sont employés comme serfs ou esclaves comme paysans, pour remplacer les cultivateurs décédés. Le système féodal étant en force, ces paysans appartenaient — comme du bétail — à ceux qui possédaient les terres: soit des nobles, des officiers de l'armée ou des institutions religieuses. Et en vendant ou en transférant les droits d'une terre, les serfs et les esclaves étaient inclus dans la transaction. C'est ainsi qu'entre l'an 1364-1367, Vladislav Voivode (Prince) de Valachie, transféra un droit de propriété féodal, qui incluait 40 familles de Tsiganes, au Monastère de Saint-Anthony, près de Vodita en Roumanie.
Une mention des Tsiganes vient aussi du moine franciscain dénommé Simon Simeonis qui les a rencontrés à Candie sur l'île de Crète en 1322; il parle de gens ressemblant aux “Atsingani” — nom donné aux Tsiganes par les Grecs —, en ces termes: « Nous y avons vu un peuple hors de la ville qui se déclare être de la race de Cham, et qui l'adorent selon le rite grec. Ils errent comme un peuple maudit de place en place, sans s'arrêter du tout ou rarement, ne restant à un endroit pas plus que 30 jours ».
Rappelons aussi que durant les années 1346-1348 surtout et jusqu'à 1351, survient une épidémie de peste noire en Europe. Cette catastrophe fit périr le cinquième de l'espèce humaine, soit environ 75 milions sur les 200 millions de personnes qui habitaient l'Europe. De ce fait, pour se nourrir, on avait besoin de main d'oeuvre pour labourer et cultiver les champs. Défi que les Tsiganes ont fort bien relevé.
On mentionne leur présence en 1346 à Corfou (îles grecques), puis en 1348 à Prizren en Serbie. C'est en 1350 que Ludolph de Sudheim parle aussi d'un peuple semblable (au peuple connu en Crète) qui parle une langue unique qu'il appelle “Mandapolos”: un mot qui pourrait être tiré du mot grec “mantes”, qui signifie prophète ou diseur de bonne aventure.
En 1350 on signale aussi d'importantes colonies de Tsiganes à Nauplie et à Modom (Grèce, Peloponese, Petite Egypte). En l'an 1362, des tsiganes sont enregistrés à Dubrovnik, en Croatie. On mentionne aussi la présence des tsiganes en l'an 1370 en Valachie-Moldavie (Roumanie actuelle), qui marque l'officialisation d'une longue période d'esclavage pour ce peuple. Puis en 1373, on fait encore mention de la présence des tsiganes sur l'île de Corfou en Grèce (Petite Égypte).
En 1386, l'île de Paxos (Corfu), la “Petite-Égypte” où l'on retrouvait une communauté de Tsiganes, fut conquise par les Vénitiens (Venise, Italie). Puis en 1423, le baron San Ippolito, du fief “Feudum Acinganorum”, demande la permission de Venise pour construire une forteresse, afin de protéger l'île de Paxos contre les pirates. Deux forteresses ont donc été construites, l'une aur l'île de Agios Nikolaos en face de Gaios et la seconde, à Lakka. Ce qui a permis à Corfou, en 1537, de résister à l'importante bataille navale pilotée par les Turcs ottomans, qui a eu lieu près de l'île de Paxos. Mais devant battre en retraite, la flotte turque, sous la direction de l'amiral Barberousse, en guise de représailles, s'est rendue à Paxos et ravagé l'île de bout en bout. Massacre total, rien n'est resté debout. La catastrophe a été achevée l'année suivante, lorsque Paxos est devenue la base d'opérations pour Dragut (Torgut Reis), un amiral turc de l'Empire ottoman. L'île est alors devenue déserte.
En fait, d'où vient au juste le terme de « Petite Égypte »? Selon les documents qui ont pû être retracés, ayant survécus aux nombreuses guerres et conquêtes territoriales de l'époque, un voyageur allemand du XVe siècle — qui s'est rendu dans plusieurs pays pour étudieurs leurs moeurs et leurs langues — originaire de Cologne, Arnold von Harff nous dit en 1497 qu'il s'agit de la région territoriale de Gyppe, appelée aussi Tzingania ou Suginia, située à environ 65 kilomètres de Methoni (Methóni — connue aussi sous le nom italien de Modon ou Modona): une ville grecque du Péloponnèse; qui s'étend à mi-chemin de la route qui relie Cologne sur le Rhin à l'Égypte. Les Vénitiens (Italie) sont d'ailleurs installés à Modon depuis l'an 1125, d'où ils font du commerce puisque la ville est située sur la route vers leurs marchés de l'Est. Il est par ailleurs vraisemblable de croire que cette région existait avant la conquête des Turcs; et qu'elle était habitée par les Athingani — nom donné par les grecs pour désigner les tsiganes —, tel qu'il est d'ailleurs maintes fois documenté.
* Source: ROMS HISTOIRE — D'Inde en Europe (extrait de Gilsenbach 1994, p. 114)
* NOTE — Soulignons qu'il existe des gravures qui remontent aux XIIIième et XIVième siècles, qui prouvent la présence de quartiers tsiganes directement en périphérie de la ville de Modon — devenue depuis une petite ville forteresse — qui n'appartient pas à l'Empire byzantin mais plutôt à la république de Venise. À l'époque, cette ville et sa périphérie étaient une étape clé pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte par la mer. Les Tsiganes ont donc été en contact direct avec cet univers des pèlerins; tout comme ils le furent tant avec les Grecs locaux, qu'avec les commerçants et marchands de Venise en Italie. Par ailleurs, dès les années 1332 le Feudum Acinganorum (un fief gitan indépendant) fut établi sur l'île de Paxos en Corfú, par l'entremise de l'Impératrice Catherine de Valois-Courtenay et princesse consort de Morée (suite à la conquête française de la péninsule du Péloponnèse); et qui avait demandé qu'on accueille des tsiganes en provenance de la Grèce continentale: tsiganes qui sont donc probablement venus de Modon. Ce fief est devenu une communauté stable et une bonne part de l'économie. Cette région, occupée par ces communautés Rrom, était appelée La Petite Egypte.
Néanmoins, même si la ville ne tombe officiellement aux mains des Turcs que le 9 août 1500, selon le récit fait par Arnold von Harff en 1497, un souverain turc a occupé cette ville soixante ans avant (soit vers vers 1437 *). Et plusieurs (nobles, notables et autres) refusaient de se soumettre et sont allés se réfugier à Rome, auprès du Pape. à leur demande, celui-ci a envoyé des lettres à l'Empereur de Rome ainsi qu'aux Princes de l'Empire, leur recommandant de garantir la liberté de mouvement et le soutien de ces gens; puisqu'ils furent expulsés de leur terre à cause de leur foi chrétienne. Mais aucun parmi les gens sollicités, n'est intervenu. En conséquence, « ces gens sont morts dans la pauvreté en léguant les lettres papales à leurs domestiques et à leurs descendants, lesquels errent encore dans le pays et s'appellent eux-mêmes Petits égyptiens. Alors que d'autres sont restés sur la péninsule du Péloponnèse, dans la contrée nommée “La Petite Égypte”.
* Selon certains auteurs, il semble que ce passage du récit de Harff, ait pû être “modernisé” par Carl Hopf, dans Die Einwanderung der Zigeuner in Europa (Gotha, 1870, pp. 14-17); car selon d'autres historiens, on ne retrace aucune occupation de la Morée par les Turcs aux environs de 1436, pas plus qu'on ne connaît de territoire qui aurait pû être nommé “Gyppe” ou “Suginia”.
— NOTE: La Principauté d'Achaïe ou de Morée — qui s'étendait sur tout le Péloponnèse —, fondée en 1204, est envahie par les armées impériales byzantines en 1417 et est incorporée au Despotat de Morée: ne laissant aux Latins que quelques rares places fortes. Entre 1429 et 1430, le despotat de Morée (Empire Byzantin) s'étend sur la péninsule et annexe les derniers territoires de la principauté franque d'Achaïe.
En mars 1430, sous l'ordre du Sultan Turc Murad II, la flotte ottomane attaque la ville de Thessalonique et une grande partie de la population est massacrée, dont des soldats vénitiens. Puis au printemps 1431, les Turcs atteignent l'isthme de Corinthe (Grèce) et détruisent le mur de l'Hexamilion (qui défend la seule route terrestre existant entre le Péloponnèse et la Grèce continentale). “They must be reminded that they were the Sultan's vassals (...)“.
Et on pourrait allonger la liste encore...
Et pourtant, ce territoire existe!! Il s'agit vraisemblablement de la TZACONIE, pour “tsigane”, dans la péninsule du Péloponèse en Grèce, tel que cité par de nombreux écrits. Par exemple dans “Chronique de la conquête de Constantinople et de l'établissement des Français en Morée” (Paris, 1825): une quinzaine de pages. Puis, dans “Étude du dialecte tzaconien”, pour une vingtaine de citations. Dans “Memoires, historiques & geographiques du royaume de la Moree, Negrepont, & des places maritimes, jusques à Thessalonique” (1686), six mentions. Puis, “La Grèce continentale et la Morée: Voyage, séjour et études historiques”. Et, “Le grand dictionnaire historique Volume 1” (1731). Dans “Observations sur les pierres soi-disant préhistoriques de la Grèce” (1872). Etc.
Ainsi malgré le peu de documentation connue pour les raisons pré-citées, les recherches actuelles laissent supposer qu'on peut raisonnablement attester de la présence des Tsiganes dans le Péloponnèse — péninsule située en Grèce, qui était à cette époque sous juridiction Italienne —, dès le XIIième siècle.
* NOTE — La Tzaconie — terme utilisé surtout lors de l'occupation française de la Morée et du Péloponnèse, en Grèce, de 1204 à 1430 — a (semble-t-il) aussi été appelée Zaconie, Zacanie ou Sacanie: des termes médiévaux pour désigner la Laconie. Cette région est située sur la côte, à l'extrême sud-est de la péninsule du Péloponnèse, en Grèce. Elle fut une des trois provinces de la Morée, avec le Brazzo di Maina (Arcadie) et le Belvédere (Achaïe et élide). Son chef-lieu était Mistra. Il semble que son nom soit une déformation médiévale de Laconie. Source principale: Wikipedia.
Poursuivons maintenant l'histoire de leur présence en Occident. En 1378, des tsiganes sont consignés comme vivant dans des villages près du Monastère de Rila, en Bulgarie; ainsi qu'à Zagreb (Croatie). En 1383, ils sont sur place en Hongrie. En 1384, des cordonniers tsiganes sont inscrits dans Modon, en Grèce. Puis date importante en 1385, puisque on découvre la première mention enregistrée de tsiganes esclaves en Roumanie. En 1387, Mircea le Grand de Walachie indique que les tsiganes ont été dans ce pays depuis plus de cent ans.
Puis en 1399 — ou est-ce le 17 avril 1423..? — on les retrouve en Bohême — ce qui laisse croire aux gens qu'ils viennent de ce pays, d'où le nom de “Bohémiens” —, où ils reçoivent des lettres de protection du Roi Sigismond, “Roi de Hongrie, de Bohême, de Dalmatie et d'autres lieux”. En 1407, des Roma sont enregistrés comme vivant à Hildesheim en Allemagne; mais en moins de dix ans, ils sont expulsés.
Gens de foi, en 1435 on fait mention des Tsiganes au retour du pelerinage de St-Jacques-de-Compostelle. En 1497, le pèlerin Arnold von Harf a relaté par écrit sa description des faubourgs qu'il a visités. Il parle d'une centaine de familles pauvres, noires et nues, que les gens appellent Tsiganes [Sujginer], qui sont connus dans le pays comme des païens d'Égypte [Heiden] voyageant sur nos terres; qui vivent dans de petites maisons aux toîts couverts de roseaux, en exerçant de nombreux métiers tels la cordonnerie, le vrillage, la maréchalerie et le filage des tissus.
On signale leur présence en 1498, puisque 4 tsiganes accompagnent l'explorateur Christophe Colomb dans son 3ième voyage pour les colonies d'Amérique.
Au XVième siècle ils arrivent en délégation en Allemagne (Lindau, 1417), en France (Châtillonsur-Chalaronne, 22 août 1419; et Paris, 17 août 1427), en Belgique (Bruxelles, janvier 1420), en Espagne (Aragon, 8 mai 1425; Barcelone, 11 juin 1447; Jaen en Andalousie, 1462), en Italie, et au Portugal. Et le 4 mars 1499, la ville de Medina del Campo en Espagne condamne les Gitans à abandonner la vie nomade.
Puis au XVIième siècle, ils arrivent en Russie (1500), en Pologne (1500), au Danemark, en Écosse, en Suède (1512) et en Angleterre (1514). Mais en 1539 en Espagne, ils doivent choisir entre deux maux: soit la sédentarisation ou 6 ans de galère. Alors qu'en 1540 en Belgique, les Evêques leur demandent de quitter le pays, sous peine de mort. L'Angleterre est plus ouverte: car en 1552, le Roi Henri II leur donne des sauf-conduits pour qu'ils puissent faire des pèlerinages à travers la France, par petits groupes. Pour sûr, l'Inquisition influence l'ambiance.
Toutefois, le peuple Tsigane était connu comme étant entre autres un peuple de forains, musiciens, chanteurs, danseurs, amuseurs publics, comédiens, magiciens, gens de cirque, acrobates, jongleurs, entraîneurs d'ours, astrologues, diseurs de bonne aventure (chiromancie, cartomancie, etc), et autres. Et dans cette Europe où l'amusement et l'oisiveté étaient considérés comme un vice par les autorités royales et ecclésiastiques... pour les gens du peuple; ils furent bientôt perçus comme inutiles et perturbateurs. Mais ceci étant dit, soulignons que dès leur arrivée les tsiganes avaient aussi de fort intéressantes compétences: souvent uniques.
* NOTE — Parmi les métiers traditionnels exercés par les tsiganes, on parle de cordonniers et sandaliers, d'hommes qui travaillaient le fer (forgerons, chaudronniers, rétameurs, etc) et même de forgeron à froid soit « celui qui travaille les métaux avec le marteau, sans les mettre au feu » (“kaltsmit” en allemand, “malleator”, ou “tangelâri”), batteurs de métaux (or, argent, cuivre, bronze, fer) pour fabriquer divers objets (boucles d'oreilles, bracelets, croix, fermoirs, etc), de ferblantiers, d'orfèvres, de fabricants de couteaux, de fabricants d'aiguilles, de fabricants de clous, de maquignons, de vanniers, de maçons, de manoeuvres, de charpentiers, de constructeurs de maisons, de cultivateurs, de laboureurs, d'hommes de troupeaux, de travailleurs de ferme, de briquetiers, de mécaniciens, de montreurs d'ours (appelés “ursari”, ou oursiers), de fabricants de cribles, d'agriculteurs, de ferrage des animaux (maréchal-ferrant ou maréchalerie), de forgeurs de fers à cheval et de chaînes de chiens, de vrillage, de dresseurs d'animaux, de loutiers et m'neux d'loups, de dresseurs de chiens, de vétérinaires (guérisseurs d'animaux) et chirurgiens-vétérinaires, de gardes du palais, de libraires, de forains, de soldats mercenaires, de commerçants, de négociateurs, de clercs à la Cour des rois, de bûcherons, de bouchers, d'équarrisseurs, de tanneurs, de fossoyeurs, d'éboueurs, de chiffonniers, de ferronniers, de charriers, d'éleveurs de chevaux, etc.
Mais d'aucuns parmi les sociétés hôtes, et attendu le caractère rare et “unique” des compétences tsiganes — puisque plusieurs de celles-ci ne se retrouvaient même pas dans les pays occidentaux — ont préféré asseoir leur pouvoir sur ces nouveaux savoirs et profiter d'une main d'oeuvre experte et gratuite; alors en certains endroits des lois furent édictées pour interdire leur embauche... pour éviter la compétition; et puisqu'on aurait leur force de travail par l'eclavage.
Privés dans bien des cas du droit d'exercer un métier, pour survivre et faire manger leurs enfants, les tsiganes ont dû se résigner à ce que leurs femmes pratiquent l'art de dire la bonne aventure, qui faisait partie de ce qu'on appelait les “métiers de Bohême”: lire l'horoscope de la destinée dans les lignes de la main, tirer les cartes, enlever les verrues, préparation de potions avec des herbes médicinales, guérir les chevaux par des moyens magiques, préparation d'aphrodisiaques, lire dans la boule de crystal ou dans les feuilles de thé, don de seconde vue, etc; ou des métiers de sage-femme ou de guérisseuses.
De leur côté les hommes tsiganes en étaient souvent réduits à faire de petits larcins, ayant d'ailleurs été taxés dêtre des “voleurs de poules”. Et dès le XVIe siècle, en plus de l'esclavage dans certaines régions, s'ensuivirent diverses formes de répression: bannissement, interdiction de séjour ou de nomadiser ou de se déplacer en groupe de plus de 2 personnes, etc. On organise même des chasses aux Tsiganes, avec prime de capture. Puis on les sanctionne de coups de fouet, on les envoie aux galères, on les vend comme esclaves. Au XVIIIe siècle, il est même permis de les marquer au fer rouge, de les exécuter au fusil ou de les pendre. Et puisqu'à cette époque l'Inquisition fait rage sur le territoire européen, plusieurs sont d'ailleurs brûlés vifs sur le bûcher, pour sorcellerie. En outre, en Espagne et en France, pendant toute la seconde moitié du XVIième siècle et pendant tout le XVIIième siècle, les Tsiganes sont envoyés aux galères.
* Pour détails, voir Rroms en Europe — Données socio-politiques.
Mais pourquoi tant d'hostilité à l'égard des tziganes... alors qu'à leur arrivée en sol européen, ils ont fait une très bonne impression tant auprès des Rois, que du Clergé, que des populations..? Pourquoi la curiosité envers ce peuple et le plaisir de les côtoyer, se sont-ils transmutés en hostilité..? Quelques éléments — pouvant être liés à l'ignorance en partie, et à la mésinformation d'autre part —, peuvent avoir joué en leur défaveur.
Primo, leur mode de vie nomade — force oblige: en France, ils furent contraints par le Pape à circuler pendant sept ans sans arrêt, sans être autorisés à s'installer quelque part —; leur style de vie, très différent de celui de la population sédentaire; ainsi que leurs us et coutumes (ménestrels, saltimbanques, musiciens, chanteurs, magiciens, diseurs mais surtout diseuses de bonne aventure — dire la baji, comme s'exprimerait Carmen la Bohémienne, dans l'oeuvre de Mérimée — ou devins ambulants, charmeurs de serpent, etc); et probablement surtout, cet esprit de liberté et de refus des entraves, qui s'exprimait aussi au niveau de la profession: puisque les tsiganes étaient travailleurs indépendants — et libres — plutôt que salariés. Secundo, leurs errances obligées sur les routes de l'Europe, pendant la guerre de cent ans, attirait parmi eux des bandes d'ex-soldats et de mendiants: ce qui a contribué à la dégradation de leur image. Tertio, la croyance fort répandue en Europe, que leur peau mate était un signe d'infériorité et de méchanceté... car le diable en personne, était dépeint comme “noir”. Puis quarto, il y avait un problème d'identité: puisque les tsiganes pouvaient être identifiés comme étant des Turcs, puisqu'ils sont entrés en Europe notamment par la voie des pays Islamiques et on les a considérés ennemis de l'Église et du royaume; certains les croyaient Égyptiens; et d'autres, Bohémiens. Et quinto, l'opposition aux tsiganes a aussi pris forme chez les gens de métier, qui par peur de la compétition ont eu tendance à exclure des concurrents et notamment, dans le métier du travail du fer. Pour que leur peuple survive, souvent forcés de se déplacer, ils ont du s'adapter; et voilà sans doute pourquoi leur renommée pour dire la Bonne Aventure et pratiquer la divination par l'entremise de divers arts divinatoires, s'est propagée de par tout l'Occident et perdure encore, même de nos jours. Et pourquoi pas... ne sont-ils pas des gens très spéciaux, des moteurs qui font évoluer les sociétés..?
Mais comme l'écrivait le poète italien Roma Spatz (Vittorio Mayer Pasquale)... « Nous les gitans, nous n'avons qu'une seule religion: la liberté. En échange de cela, nous renonçons à la richesse, à la puissance, à la science, et à la gloire. Nous vivons chaque jour comme si c'était le dernier... ». Donc en bref, des gens qui font partie d'une race indomptable, insondable, implacable, inexterminable et inassimilable. Et c'est fort probablement ce qui a tant dérangé.
* NOTE — À PROPOS DE L'ESCLAVAGE DES TSIGANES — Dès le début des années 1300, des groupes de tsiganes en sont réduits, par la force ou par la loi, à devenir des esclaves. La situation débute en Europe du Sud (Valachie, Moldavie - on les nomme “robi”) mais se répand rapidement à toute l'Europe.
C'est seulement en 1761 que pour la première fois, quelqu'un prend leur défense. Ainsi, l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche signe une loi en leur faveur, les appelant même les nouveaux Hongrois; mais elle a quand même édicté une nouvelle loi en 1773, qui ordonnait d'enlever aux parents tsiganes tous leurs enfants âgés de plus de 5 ans.
Puis en 1816 un quaker d'Angleterre dénommé John Hoyland, écrit un livre pour demander un meilleur traitement pour les tsiganes; ce qui n'empêchera pas la continuation des persécutions. Un peu d'espoir arrive néanmoins en l'an 1834, lorsque le gouverneur de Valachie en Roumanie affranchiera de l'esclavage tous les tsigans de son territoire. Puis enfin, l'abolition définitive de l'esclavage tsigane en Europe se réalise entre 1856 et 1864.