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Divination via Naïbes, Cartes et Tarots, malgré l'Inquisition au XVe S. ABC Arts Divinatoires & Mancies | Guide Divination & Voyance |
UNICORNE.COM • Le Portail des Arts Divinatoires | • CARTOMANCIE & JEUX DE CARTES AU MOYEN-AGE • | Québec, Canada • Samedi 23 Janvier 2021 - 19:08 PM |
Oui. La divination, la prédiction de l'avenir par la cartomancie et la taromancie étaient pratiquées en cette Europe de l'ère Médiévale et de la Pré-Renaissance. Indéniablement. Résistante comme les Gaulois d'Astérix.
Mais comme on sait, plusieurs de ceux et celles qui osaient pratiquer la divination furent taxés de sorcellerie et brûlés vifs sur les infâmes bûchers de l'Inquisition. Pour débusquer les indésirables, en plus de la délation et de l'accusation des pairs, le « Malleus Maleficarum » était utilisé. Il s'agissait d'un manuel de référence publié en 1486, pour découvrir les sorcières, les capturer, les détenir, les faire avouer et les éliminer.
Les historiens contemporains estiment même entre 50 000 et 100 000 le nombre de victimes de la Chasse aux Sorcières, du XVième au XVIIIième siècle, en Europe seulement; des gens d'abord arrêtés, torturés, puis condamnés pour hérésie ou sorcellerie et brûlés vifs. Un chiffre très élevé en proportion de la population de l'époque. Leurs jeux, objets et écrits “dangereux” — tels cartomancie, recettes médicinales, etc — ont connu le même sort, conséquence d'un dogmatisme aveugle et fanatique. Le feu a anéanti tant de gens, de choses, de traces de notre histoire collective..!
Revenons aux années 1346-1348 où provenant du Nord de la Chine, une épidémie de peste noire se propage et sévit bientôt en Europe pendant près de deux ans, décimant 20% de la population mondiale; et tuant le tiers de la population européenne. Cette menace apocalyptique hante encore la mémoire collective: un bon terreau où peuvent germer des scénarios effrayants face à ce “Mal” qui vient d'ailleurs, apporté par des “civilisations paiennes et impies”. Un motif de plus qui appuie la condamnation des jeux de cartes — naibes, cartes à jouer ou tarots —, désignés comme étant une “invention du diable” selon ce que martèlent dans leurs sermons Saint Bernardin de Sienne et ses disciples... pendant plus de trois cent ans, dans toute l'Europe.
D'ailleurs en France, peu après cette épidémie de peste noire, s'accentue un phénomène de société qu'on a appelé “La Danse des Morts”, ou “La Danse Macabre”. Il s'agit de peintures qui jadis existaient sur les murs de cimetières, dans les cloîtres ou à l'intérieur des églises, et où la Mort était représentée sous l'apparence d'un squelette; qui d'un air malin et dans diverses postures, invitait à elle des gens de tous âges, de tous sexes, de toutes conditions. Selon plusieurs auteurs — voir le site “pre-Gébelin Tarot History” —, les peintures de la Danse des Morts et de la Danse Macabre, auraient fortement influencé l'ajout de 22 cartes supplémentaires au jeu de naibes; soit les des Triomphes, ou Arcanes majeurs du Tarot, au XVe et XVIe siècle. Avec en plus une iconographie inspirée de la Danse des Morts. Ce qui ajoute au côté effrayant des cartes à jouer et tarots.
Néanmoins, on ne peut nier l'existence des pratiques divinatoires, puisqu'elles avaient cours ailleurs dans le monde, depuis des temps immémoriaux; et ce, même si plusieurs supports documentés sont disparus en Europe: puisqu'ils ont été brûlés en quantité innombrable sur les bûchers. Et surtout lorsqu'on sait que « le nom espagnol de naipes, semble venir de l'arabe, dans lequel “nabi” signifie un diseur de bonne aventure; et l'on sait, en effet, que dès l'origine les cartes ont servi à cet usage supersticieux ».
Mais le contexte qui prévalait à cette époque permet de comprendre pourquoi les Arts divinatoires et la cartomancie étaient considérés suspects et tenus dans le plus haut secret... il s'agissait d'une question de vie ou de mort pour le diseur de bonne aventure ou la cartomancienne... que quiconque pouvait dénoncer, que ce soit vrai ou pas, contre rétribution du dénonciateur.
D'où leur aura qualifié d'ésotérique, de secret, de caché; et même de rebelle contre l'ordre établi (l'ordre religieux surtout). Sacrilège qui stimule l'opprobre voire de bannissement social, quand ce n'est pas pire encore. Qu'on pense aux Bohémiens. Et qui ne connaît, ou n'a entendu parler, de cartomanciennes qui jusqu'à récemment encore, se sont fait interdire de tirer aux cartes par le prêtre ou le curé de leur paroisse..? Ce constat parle de lui-même.
En fait, au temps de l'époque médiévale et même dans les débuts de la Renaissance, on utilisait souvent l'expression « sorts divinatoires » pour désigner ce qu'on appelle aujourd'hui, les Arts divinatoires. Les théologiens du temps font même certaines distinctions; car en plus des sorts divins — ceux qui nous sont témoignés dans la Bible, purement divins puisque commandés par Dieu lui-même, donc ceux de la catégorie des miracles —, ils en listent quelques autres.
Donc, on parle du “sors divisoria”, ou sort distributif, qui consiste à attribuer au sort un bien ou une dignité; mais bien qu'étant licite, il est recommandé de ne pas en abuser et de ne l'utiliser que s'il y a un risque de procès, de querelle ou d'envie. Puis, on a aussi le “sors consultoria”, ou sort consultatif, qui peut nous aider à savoir quoi faire ou quelle direction prendre dans un situation difficile; mais il ne doit être utilisé qu'en de très rares occasions, de façon exceptionnelle, et seulement si on a épuisé tous les autres moyens. Il y a aussi les “Sorts des Saints”, un usage établi chez les “paiens”, qui consistait à ouvrir l'Iliade d'Homère ou les Poésies de Virgile, les Écritures Saintes ou un livre sacré; les premières paroles qui s'offraient aux yeux du lecteur étaient supposées lui donner un pronostic quant à son avenir. Une pratique fortement blâmée par les gens d'Église.
Puis finalement, on arrive au “sors divinatoria”, soit le sort divinatoire. Et celui-là, il faut absolument l'éviter et condamner ceux qui y recourent: puisqu'à cette époque — est-ce que ça a vraiment changé..?!? —, la divination est perçue comme une usurpation indue d'un privilège divin. Laissons donc parler le Père Maiole, un Jésuite, fin des années 1500, sur le sujet: « Il n'y a point de fondement ny d'excuse aux sorts divinatoires, d'où il est évident quelle est leur origine, et par quelle force ils effectuent quelquefois ce qu'ils promettent: quoy que le démon, en estant l'inventeur, ayt en cecy gaigné de tout temps quelque folle creance sur les ames profanes, et ayt mis ceste sorte de gens en credit et authorité ».À propos du “Sort de Divination”, voici ce qu'en dit le dictionnaire de théologie: « On appelle sort de divination celui qui a été souvent mis en usage pour connaître l'avenir. Comme Dieu s'est réservé cette connaissance pour des raisons très sages, Isaïe, c. 4i, v. 22 et 23, qu il ne l'a promise à personne, et qu'il ne serait pas utile aux hommes de l'avoir, c'est attenter à ses droits que de la chercher par des moyens qu'il n'a pas établis pour cela, et qui n'ont par eux-mêmes aucune vertu. Le crime est beaucoup plus grand, quand on emploie pour ce sujet des moyens absurdes ou impies, et qui ne peuvent avoir aucun effet que par l'entremise du Démon. C'est surtout contre cette dernière espèce de divination que plusieurs Conciles ont lancé des anathèrars. »
Oscillant entre le jeu et la divination, la cartomancie — tout comme les dés ou l'anagramme ou la géomancie ou toute autre mancie — ça sent le soufre de l'enfer... puisque ça prête flanc à l'ingérence du démon. Alors qu'en réalité, les Arts divinatoires permettent une certaine communication entre le monde des hommes, et l'univers des dieux; mais à cette époque, le clergé s'en garde le privilège. :0)
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